Cela ne fait aucun doute : bien mise en valeur, bien travaillée, une image possède une puissance attractive évidente. Si cette force d’attractivité n’est pas soutenue, ne trouve pas de prolongement qui fait sens, elle risque fort de disparaître de votre cerveau aussi vite qu’elle a pu y entrer : c’est ce qui s’appelle « faire pschitt ! »
L’image est partout
« Une image vaut mille mots ». Que celui/celle qui n’a jamais entendu cette maxime me jette le premier commentaire ! Dans nos sociétés, où le culte de l’image confine parfois au sacré, cette phrase sonne comme une évidence. Omniprésente, l’image se déploie sur tous les supports, avec une impudente obséquiosité.
Il suffit de jeter un coup d’œil dans nos rues pour le constater. L’apparition des smartphones et autres tablettes numériques a contribué à accentuer ce phénomène ; désormais, nous sommes nos propres pourvoyeurs de sensations visuelles. A la maison, ce sont encore et toujours les écrans (ordinateur, télévision, etc) qui se chargent de nous abreuver de notre dose d’images quotidienne.
Notre relation à l’image a changé (et change encore), à mesure de sa banalisation et de notre capacité à l’apprivoiser. La technologie a engendré une évolution des pratiques et des desideratas, en accélérant considérablement l’accès à toutes sortes d’images. Résultat : pouvoir visualiser dans l’instant n’importe quelle image devient une exigence quasi-vitale (que Pinterest et Instagram ont su exploiter).
Relativiser l'image
Pourtant, à elle seule, l’image ne peut pas tout. Son pouvoir d’attraction, éminemment perceptible par l’effet d’accoutumance qu’elle crée, peut parfois peiner à véhiculer du sens, lorsqu’elle ne s’en affranchit tout simplement pas. Elle n’est alors qu’un substrat visuel se contentant de remplir l’espace, de meubler l’instant… bref, de polluer notre cerveau.
Un exercice intéressant, que vous avez d’ailleurs déjà peut-être expérimenté, est d’allumer la télé, de couper le son, et d’essayer de comprendre les images qui défilent devant vos yeux. Le journal télévisé se prête particulièrement bien à ce jeu, car il propose de courtes séquences indépendantes les unes des autres, et ne crée pas à proprement parlé de trame narrative, comme le fait un film ou une série.
Cet exercice permet de prendre de la distance et d’envisager notre rapport à l’image sous un nouveau jour. L’incapacité de certaines images ou séquences animées à créer du sens devient alors probant. D’autres exercices peuvent être faits : contempler une image (photographie, peinture) et essayer d’en percer le sens, l’intention, le contexte, etc.
La complémentarité des approches
L’idée n’est pas de discriminer l’image, ni de la reléguer à un simple objet abscons ; il s’agit simplement de mettre en perspective sa potentielle insuffisance sémantique. Car même pour les artistes qui travaillent l’image et la représentation visuelle – tels les photographes, les vidéastes ou les peintres – s’affranchir de toute explication peut s’avérer périlleux.
Comme bien souvent, c’est la complémentarité des approches qui permet de créer un tout cohérent, qui fait sens. La bande dessinée, par exemple, est extrêmement sensible à cette interaction texte/image, tant il est vrai que le texte doit soutenir le dessin et non être redondant ou, si vous me le permettez, « picturophage ».
Cette complémentarité est un atout qu’il peut être intéressant d’envisager pour communiquer avec efficacité. Bien communiquer, c’est savoir adopter une approche globale et faire entrer en symbiose différents domaines, pour donner vie à un « objet » de communication à la fois beau, intelligent, évocateur, sensible, humain… bref, un objet qui vous ressemble :-)
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